La faute à un été sec, les champignons ont été rares en Haute-Loire et en Ardèche. Sur la Foire, on trouve des morilles du Chili et de Pologne
Le Chili, l’autre pays du champignon ? Bien sûr, on force un peu le trait. Pourtant, place Jean-Béal, sur les étals des vendeurs, on n’a jamais vu autant de champignons de provenance étrangère qu’hier. La rançon de la gloire pour une foire qui attire de plus en plus de visiteurs (la barre des 10 000 a été dépassée sur la journée).
Pour satisfaire ces acheteurs potentiels, la seule cueillette de Haute-Loire et d’Ardèche n’aurait pas suffi. Au premier coup d’œil, des gros sacs de morilles sèches intriguent, alors que tous les ramasseurs s’accordent à dire qu’elles ont été très rares.
Impression confirmée par une vendeuse tençoise : « Les gens accordent plus leur confiance aux marchands spécialisés qu’aux petits vendeurs du coin. Mais ils sont nombreux à proposer des champignons qui viennent d’Europe de l’Est, de Pologne ou du Chili. C’est certain qu’il faut proposer de la quantité, mais… »
A deux pas, Daniel Breysse et son fils Anthony sont là depuis 6 heures. Ils ont fait le voyage depuis Lachapelle-Graillouse, un joli village de montagne, perdu entre le lac d’Issarlès et Coucouron. Avec l’accent ardéchois, Anthony explique : « Cela dépend des régions, mais l’automne a été catastrophique en matière de champignons. Les lactaires, zéro, la chanterelle, zéro. On a trouvé plus de cèpes. »
Le cèpe, c’est une des rares variétés qui n’a pas décidé de se cacher des cueilleurs. Heureusement, c’est la vedette de la Foire. Et les prix dans tout ça ? Élevés, mais guère plus qu’en 2008. « C’est à peu près pareil. Qu’il y ait des champignons en France ou pas, cela ne change rien. A Saint-Bonnet-le-Froid, 80 % sont importés. »
Petit tour des étals : les 100 grammes de cèpes secs sont vendus autour de 10 euros ; 12 euros les 125 grammes de chanterelles grises ; 20 euros les 2 kg de girolles. Il y a de tout, à tous les prix.
Fabrice Cheynel, un habitué de la foire, confirme : « J’ai vendu 2 kg de cèpes, cette année, presque rien. Les prix oscillent entre 15 et 100 euros le kg. Cela dépend de l’état. L’année passée, les prix étaient plus costauds. Les gens du midi sont prêts à acheter à 100 euros. D’autres font plus de chichis. »
Par un temps inédit à Saint-Bonnet-le-Froid, pour un mois de novembre (8 degrés), les visiteurs sont venus de loin : de Savoie, d’Isère, de l’Hérault et même du Tarn-et-Garonne. Article de Romain Brusc Le Progrès